Présentée en 2020 au Volcan, Scène nationale du Havre, dans le cadre d'Une Saison Graphique, cette exposition permet de découvrir le travail méconnu de la dessinatrice de caractères Française Ange Degheest (1928 – 2009).
Du plomb à la photocomposition, de la machine à écrire au minitel, et de la gravure aux lettres transfert, sa production typographique témoigne des bouleversements techniques de l’imprimerie et des télécommunications de la seconde moitié du XXe siècle.
D’abord formée à la gravure à l’école des Beaux-Arts de Rennes, elle se familiarise au dessin de lettres dans l’atelier de cartographie du Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom) à Brest, dans l’immédiat après-guerre.
Au début des années 1950, elle rejoint les ateliers de production de la Fonderie typographique française aux côtés d’Enric Crous-Vidal, dont elle sera longtemps l’assistante. En 1960, après un passage en Suisse au sein de l’entreprise de machines à écrire Hermes, Ange Degheest retrouve la Bretagne et l’école des Beaux-Arts de Rennes où débute son enseignement de la gravure et des arts graphiques qui durera dix-huit ans. Les années 1970 sont marquées par la création d’un caractère scripte pour l’éditeur de lettres transferts Mécanorma. En 1988, France Télécom lui commande un ensemble de fontes pour le minitel afin de le doter d’une palette typographique plus large, et améliorer son ergonomie ; mais cette période de bouleversements technologiques ne permettra pas au projet de voir le jour.
L’histoire de la typographie n’a retenu que très peu de femmes avant les années 1980, alors qu’elles ont été très actives, notamment dans les ateliers de dessin des fonderies de caractères. Des recherches actuelles, telles que le projet Women in Type, tentent de les faire sortir de l’oubli mais une grande partie de l’histoire de ces créatrices est à jamais perdu, faute d’archives. Ange Degheest a été inventée en leurs mémoires, pour témoigner de leurs histoires oubliées.